L'origine de l'église et du cimetière de Charmes

 

 

 

     1198. Guillaume de Beaudiner, était seigneur de Chateaubourg, Boffres et Charmes.

 

     1199 et 1203. Des documents attestent l’existence de Charmes.

 

     1203. Gontard de Castrum Novo, chevalier, (Châteauneuf d’Isère) avait des droits seigneuriaux à Charmes.

 

     Tout naturellement, le rocher couronnant le village qui avait à la période romaine servi de poste

 

de surveillance pour la navigation du Rhône (4), va devenir le logis de la famille de Crussol.   

 

     Début du XIIIème siècle, la famille de Crussol devient seigneur de Charmes (1).

 

     C'est à cette période que sont construits : les remparts (2), avec la porte d'entrée fortifiée du village et son église romane dédiée à St Pierre aux liens (3). Ce vocable fut en vogue du XIème au XIIIème siècle.

 

     Au début du XXème siècle, l'architecte qui dirigea la construction de la nouvelle église avant la destruction de l'ancienne qui menaçait ruine, fit le plan de cette dernière.

 

    

 

    

 

 

 

       Sur une photographie du village de 1889 nous distinguons la vielle église au milieu de la photo. Son aspect massif, son emprise au sol, l'étroitesse des ouvertures donnant sur le chœur : c'est une église romane.

         Comme toutes églises paroissiales dès l'origine au XIIIème siècle, elle sera au centre d'un cimetière. Il y encore des sépultures de chaque côté de l'escalier qui monte de la rue ... jusqu'au palier qui donne accès à la porte d'entrée principale de l'église.

 

     Le plus grand espace du cimetière (comme un panneau l'indique au pied du clocher-tour) est situé entre ce dernier et la route de Toulaud, l'église étant en contre-bas.

 

     En 1275, l'église de Charmes paye 12 livres d'impôt (Le Pouillé) à l'évêque de Valence pour une chapelle de cette église*.

 

     En 1303, 1304, Pierre de Blou, damoiseau, fait allégeance au seigneur de Crussol pour sa “maison-forte près d’Ambroyo” (la porte d'Embroye).

 

     Le cimetière proprement dit se situe au-delà du mur de refend de l'esplanade qui se trouve sous le clocher-tour. Il a donc servi de sépulture à la population de Charmes du début du XIIIème siècle jusqu'à la moitié du XIXème (soit 5 siècles ½ de sépultures).

 

     Vers la fin de l'ancien régime, les curés ont tenu les BMS (les registres des Baptèmes, des Mariages et des Sépultures). A partir de la Révolution, les mairies ont la tenue des Registres d’État Civil. En parcourant ces deux types de documents, nous trouvons les noms des défunts.   

 

     Quand le cimetière était plein et pour ne pas trop bouleverser les sépultures des familles, on rapportait une épaisseur de terre par-dessus sur l'étendue du cimetière pour les futures tombes de façon à laisser en place les restes des prédécesseurs pour l'éternité.

 

     Il est très instructif pour un archéologue de découvrir in situ les squelettes : d'abord les restes des vêtements, la cause du décès (certains os gardent des séquelles) l’âge du décès, si c’est un homme, une femme ou un enfant. Plus récemment, parfois l'A.D.N. Les dents nous renseignent sur leur alimentation.

  

Notes :

 

(1)1228 est la date où les Crussol quittent le site de Crussol à Saint Péray et viennent habiter Charmes. 

 

(2) appelés chez nous les vingtins

 

(4) De très nombreux morceaux de tegulæ (tuiles romaines) sont réutilisé dans les murs du château

 

(3) Pourquoi l'église de Charmes est-elle dédiée à Saint Pierre aux liens de Rome. ?

 

Plus de 110 églises en France sont dédiées à St Pierre aux liens. Bien avant le pèlerinage à St Jacques de Compostelle, au XIIIe siècle Rome fut le but d'un pèlerinage très en vogue : des petits groupes de personnes se formaient dans les villages et se regroupaient pour prendre la direction de Rome et n'en repartaient pas sans avoir vu la basilique Saint-Pierre-aux-Liens qui a été construite au Ve siècle.

 

Sous son maître-autel, se trouve la pièce maîtresse de cette basilique : un reliquaire renfermant les chaînes avec lesquelles Pierre, chef de l'église en l'an 43 a été emprisonné par Hérode, roi des juifs à Jérusalem au début de l'ère chrétienne. Cet apôtre du Christ était mort à Rome où il a son tombeau. Il fut considéré comme le premier pape.

 

Ces pèlerins ne pouvaient pas quitter Rome sans marquer leurs dévotions à ce saint.

 

En revenant au pays, ils proposaient de lui dédier leur église.

  

Divers

 

Au Moyen Âge, les meilleures places pour être inhumé étaient le long des murs gouttereaux, ce sont les deux murs les plus longs de la nef. La grande pente de la toiture recevait l'eau de pluie.

 

Les prières des fidèles montaient sous les toits, passaient à travers la toiture vers les cieux, mais une faible partie des prières restait sur les tuiles et, la pluie rinçant la toiture, les gouttes tombaient au pied des murs gouttereaux sur les tombes de ceux qui étaient enterrés sub stilicio

 

  Au Moyen Âge, élire sépulture dans le cimetière paroissial c'était comme être "inhumé dans l'église". 

 

Un inconnu qui décédait en voyage ne pouvait être inhumé dans un cimetière paroissial que s'il portait sur lui un signe ou un objet montrant qu'il était chrétien.     Lorsque des individus décédaient en voulant investir un château, une forteresse, ils étaient enterrés sans autre forme de procès dans les fossés de la forteresse.

 

Les condamnés à mort pour fautes graves, après pendaison leur corps étaient décroché et jeté à la voirie.

 

Toujours au Moyen Âge, si un forçat qui halait les bateaux le long d'un fleuve décédait, il était enseveli à l'étape suivante, la face avant du corps vers le fond de la fosse car il était mort avant d'avoir purgé sa peine ici-bas (sépultures de réprouvés). 

Texte Alain Saint ANDRE

Les chaines de Saint Pierre aux liens à  Rome

La mort

 

Au lXᵉ siècle, l'homme sent venir la mort.
On ne triche pas avec la mort.
Mains jointes, crâne vers Jérusalem, brefs regrets, pardons.
Absout, il remet son âme à Dieu.
Les corps reposent sous le pavé de l'église, si possible, ou au cimetière proche, car celui-ci est le centre dela vie ecclésiastique du village, comme la mort est au centre de la vie.
Alors que les Romains repoussaient les cadavres tabous le long des routes, au Moyen-Age, on n'exile pas les morts. La mort est apprivoisée.
Cette promiscuité morts/vivants, avec la vision des feux follets favorisa la croyance des âmes errantes et des revenants.
Dieu et l'âme humaine étaient à cette époque des valeurs absolues.

Au Xllᵉ et au Xlllᵉ siècle, émersion de l'individu, surtout l'élite.
C'est la mort de soi : non plus tous - qui - meurent mais soi qui meurt.
On remplace l'oraison par l'incantation.
L'église propose d'agir ici-bas sur des conditions d'outre-tombe.
L'homme médiéval est affamé de foi et de salut d'où immense appétit de divin.
C'est la période des déviations, de l'eau bénite, des cierges, des médailles.
C'est aussi la dévotion au crucifix douloureux, culte passion, contemplation, calvaire.
Le Christ et sa cour céleste sont les souverains, juges et intercesseurs, la balance est
là, les péchés sont calibrés, ventilés, gradués. On distingue désormais l'intention de l'acte.
Homme par homme, femme par femme, le tri élus/damnés se fait au domicile des défunts.
La tombe se personnalise et émerge des charniers. L'épitaphe, depuis les Romains
oubliée, revient après le Haut Moyen-Age, au gothique flamboyant.
Au XlVᵉ et au XVᵉ siècle, la peste tue des jeunes gens qui regrettent l'âpre saveur de la
vie individuelle. La mort fauche, le pape comme le vulgaire lansquenet.
Les hommes sont tous égaux devant elle.
L'homme des classes supérieures ne considère plus son existence comme une destinée.
La mort est une gêneuse, une casseuse de vie, d'où amertume de l'échec à l'heure du
bilan.
 Le Moyen-Age finissant, ce sont aussi ces peintures saisissantes de la mort ou ces
dessins de décharnés, de putréfiés.
La danse macabre fait son apparition en guise d'exutoire.
1850, ce sont les cimetières monumentaux, et les monuments aux morts.
Au dernier stade de notre "pornographie" de la mort, celle-ci est reléguée à l'hôpital.
Hérissé de tubes, le mourant est évacué du social. Il ne préside plus, comme de Charlemagne à Poincaré, à la mise en scène de son agonie. On bâcle messes et inhumations. On pratique la crémation, c'est plus propre. '
De nos jours, la mort est évacuée vers les marges de la vieillesse, des massacres
automobiles ou des cancers.

Laissez dormir le passé,
Laissez-le sommeiller dans les ruines et les sépultures,
Et à l'odeur de mort des cryptes millénaires, préférez
Le parfum de la jeunesse et de la vie nouvelle.
M.G.  Prada, poète péruvien.


l'ancienne eglise

 

   Celle-ci se trouvait en haut du village médiéval. On peut encore voir aujourd’hui le soubassement du chevet, mur extérieure du chœur, qui sert en partie de soutènement au petit parc du campanile (notre dite tour de Charmes). Elle portait le nom de Saint-Pierre aux Liens.

 

Le bâtiment comportait deux portes, l’entrée principale coté sud, et la porte des morts, accédant directement au cimetière, coté nord, lieu de sépulture jusqu’en 1848. On y trouvait également la chapelle de la famille de noble Chambaud de St Lager, déjà en ruine en 1780. Le clocher était adossé au mur ouest, comme la sacristie.

 

Eglise de style roman, elle datait vraisemblablement du XIII ème siècle. Le chœur était orienté vers l’est, comme le veut la tradition.Lors d’une visite pastorale en 1701,

 

l’Evêque de Valence, Mgr Bochard de Champigny, demande aux consuls de la paroisse d’effectuer certaines réparations urgentes dans l’église ; ces recommandations resteront, pour la plupart, sans suite.

 

Après la période révolutionnaire, l’église subit quelques transformations, on construit une tribune et une voûte en brique pour remplacer le plafond de lambris qui tombés sur les fidèles.

 

 

 

Vers les années 1900, après la construction de la route de Toulaud et la destruction de la sacristie, qui se trouvait sur le tracé, l’édifice est démoli et les matériaux vendus, certains objets ont été conservés et placés dans la nouvelle église comme :

 

- Le bénitier, du XIII ème siècle.

 

- Un dais (niche abritant une statue) de style gothique flamboyant du XV ème siècle, et transformé en fonts baptismaux, lors de son réemploi dans l’église actuelle.

 

- Le tabernacle en bois, du XVIII ème siècle.

 

- La cloche, datant de 1661.

 

- Le Christ en bois, du XVII ème siècle, classé Monument Historique.

 

la nouvelle eglise

     l

 

                L'église de Charmes fut construite de 1872 à 1876. Cette œuvre demandée depuis longtemps , fut préparée surtout de 1865 à 1872,par des souscripteurs volontaires de la main à la main,et par des quêtes mensuelles à l'église ce qui permit en 1872 d'obtenir du conseil municipal un vote de six milles francs.

                Dès sa nomination à la cure de Charmes en 1865, l’abbé Antoine Bomel reprend en main le projet de construction d’une nouvelle église.  Un  projet qui avait vu le jour cinq ans plus tôt, malgré une forte opposition, grâce au maire Marmey (un protestant !) Le nouveau curé lance des souscriptions afin de récolter les fonts nécessaires.

 Edifice de style néogothique datant de 1875, oeuvre de l’architecte Tracol de Valence, concepteur de beaucoup d’églises de la région. Le projet de construction est lancé en novembre 1872, par l’achat du terrain.

 Après la période révolutionnaire, l’église subit quelques transformations, on construit une tribune et une voûte en brique pour remplacer le plafond de lambris qui tombés sur les fidèles.

 

 

 

 

 

Saint - Pierre aux Liensd ’où vient ce nom ?                                         

 

              C’est celui d ’une Basilique de Rome.

  

A partir du XII ° siècle, le pèlerinage auprès des tombeaux des apôtres prend une grande ampleur. En souvenir de ce voyage, beaucoup de pèlerins de retour dans leurs paroisses, décident de consacrer leurs églises à saint Pierre, c’est sûrement ce qui s’est passé à Charmes !

 

Saint - Pierre aux Liens de Rome, tire son nom d’un reliquaire qu’elle abrite, il contient les chaînes qui entravaient saint Pierre, avant son martyr.

 

        On  peut y voir également une imposante statue de Moïse, réalisée en 1515 par Michel-Ange.    

  Les Compagnons de Charmes  (Source : Annuaire du Diocèse de Viviers )                                                              s

 

 

Saint pierre aux liens

Le christ

c:J-B Fabry 1999
c:J-B Fabry 1999

              

 D'après les renseignements que nous  avons pu recueillir,le Christ proviendrait de l'ancienne église située au niveau du campanile.

 

Il est en bois dur recouvert d'une couche de peinture couleur chair que le temps à fortement patiné.

 

 

Cet ouvrage ne porte ni marque,ni signature permettant de dater son époque-Mais des recherches faites par des archéologues placeraient la naissance de ce Christ au milieu ou vers la fin du XVIe siècle.Pour assurer sa conservation il a été classé comme monument historique.

             

la cloche

c:J-B Fabry
c:J-B Fabry


       L'an 1661, le 10 avril après-midi, au lieu indiqué ci-dessous, par devant moi, notaire royal et les témoins soussignés a comparu Jean Gourdol, l'un des consul modernes du lieu de Charmes (comté de Crussol) faisant profession de la religion prétendu réformée, mandaté par les coreligionnaires pour les représenter, en présence de Pierre Monistrol, autre consul moderne de Charmes, faisant profession de la religion catholique, apostolique et romaine, et représentant les habitants catholiques du lieu.


       On ne peut pas le nier : à Charmes, les habitants de l'une et l'autre religion ont vécu jusqu'ici en accord et en bonne intelligence. Une même cloche a sonné soit la messe, soit le prêche, prières et service divin, comme aussi les enterrements "sans aucun contredit. Et même, la cloche ayant été rompue (1) aurait été refondue et refaite, par deux fois depuis environ quarante ans, aux frais communs de toute la communauté.


       Mais actuellement, la cloche n'étant plus en état de bien servir. le bruit est parvenu aux oreilles des réformés que les catholiques se la voulaient entièrement approprier, privant ainsi les réformés de leurs droits; les catholiques auraient même fait faire un devis de la réparation à l'insu des réformés.


       C'est pourquoi le consul Gourdol a requis le consul Monistrol, et il le somme de dire et déclarer, en son nom et au nom de la communauté catholique, s'il est véritable qu'ils aient l'intention de payer le prix de la remise en état de la cloche; et s'ils entendent par conséquent priver les réformés "de leur droit et usage de la dicte cloches" ou bien, s'ils veulent continuer la bonne entente et union" qu'il y eut toujours entre tous les habitants de la dicte communauté sans distinction de religion", dans ce cas Gourdol déclare que les réformés contribueront comme par le passé aux frais de la remise en état et de l'entretien de la cloche pour le service commun à Charmes.
        Si les catholiques veulent vraiment se séparer, les réformés proposent alors "de partager le métal de la dicte cloche", chacune des parties fera alors de sa portion ce que bon lui semblera.
       Enfin, si les catholiques refusent les différentes propositions ci-dessus, il leur restera de se pourvoir en justice, ayant à leur charge les dépens, dommages et intérêts résultant de la perte et division de la dicte cloche. Les réformé attendent donc des catholiques réponse et explications. Sur quoi, le consul catholique Monistrol a demandé une copie du présent acte "pour la faire voir aux dit habitants de sa religion afin d'en délibérer" et de préciser ce qu'ils jugeront bon de décider. C'est pourquoi moi notaire ai octroyé cet acte pour servir ce qui est de raison. "Fait et récité au péage, rue Publique"